Comment la Mission a-t-elle intégré ce programme ?
Elle a été sélectionnée en 2023 par l’ICCROM* qui cherchait à recruter le gestionnaire d’un site français du patrimoine mondial pour la 3e promotion de ce programme. Nous avons répondu favorablement, sans très bien savoir d’ailleurs à quoi cela nous engageait !
Comment s’est déroulée la première année dite d’observation ?
Nous sommes entrées dans le cycle en 2024. Amandine Crépin et moi avons suivi des cours assez théoriques sur le dérèglement climatique. Puis nous nous sommes déplacées sur deux sites de la promotion précédente qui avaient à évaluer leurs risques. Je suis partie au Bénin, Amandine en Colombie. On nous demandait ensuite de réagir à ce que nous avions observé des méthodes pratiquées par nos hôtes. Même si la méthodologie est identique, aucun des sites n’opère de la même façon. Pourquoi ? Parce que les réalités de terrain sont très différentes. Même si leurs problématiques sont éloignées des nôtres, ce fut une expérience intéressante, avec de belles interactions humaines.
Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Dans la 2e année consacrée à l’évaluation. Nous avons organisé les 23 et 24 juin dernier à Reims, Château-Thierry, Épernay et Bar-sur-Seine des pré-workshops sur les impacts du dérèglement climatique sur notre territoire. Le public était très mixé et pas seulement issu du Champagne : universitaires, journalistes, communicants, artistes, collégiens, lycéens… Au total, ce sont plus de 80 personnes qui nous ont donné du temps et de la matière, ce dont je tiens à les remercier ici. Les grandes tendances seront restituées lors du workshop final les 7, 8 et 9 octobre à Reims.
Quel est l’objectif de ce workshop ?
Nous ferons l’évaluation des risques propres aux Coteaux, Maisons et Caves de Champagne avec les acteurs locaux et les cinq sites observateurs de la nouvelle promotion du programme, dont Vichy. Comme le Comité Champagne organise le 9 octobre un Climat Tour, on va associer les deux événements, voir comment ces entités de recherche scientifique peuvent faire ressortir des éléments positifs pour prendre en compte le dérèglement climatique. Il y aura aussi à l’issue de nos travaux une partie artistique que nous avons construite avec notre parrain des 10 ans, Ismaël Taggae, avec slam, danse, chant et création d’une fresque. Cette soirée dans le quartier du Port-Sec sera ouverte au public.
Quel intérêt voyez-vous à ce programme ?
Le patrimoine est le seul lien concret entre le passé, le présent et le futur. Il peut être un formidable outil pédagogique et d’alerte pour faire prendre conscience au plus grand nombre qu’il faut absolument protéger nos Biens des effets du dérèglement climatique. Ce qui fait sens pour la communauté globale de la Champagne : si demain nous perdons le Champagne, nous perdons une partie de notre identité. En Champagne, on ne part pas de zéro, beaucoup de choses ont déjà été anticipées. Mais s’interroger sur nos quarante années de transition écologique et bénéficier du regard des autres - un regard neuf et international qui plus est - est utile et intéressant.
*Organisation intergouvernementale pour la promotion du patrimoine culturel sous toutes ses formes et dans le monde entier
