Directrice-conservatrice du musée du vin de champagne et de l’archéologie régionale d’Épernay, Commissaire générale et scientifique de l’exposition et membre du Conseil scientifique de la Mission
Comment interpréter le titre de l’exposition ?
Il est composé de deux parties : le titre principal « Et soudain le Champagne ! » qui se veut entraînant et effervescent, à l ‘image du champagne et de son caractère innovant, mystérieux et joyeux ; et le sous-titre « Représentations, usages et sociabilité » qui détaille le contenu de l’exposition. Nous sommes partis de ce qui fait la singularité de ce paysage culturel unique, inscrit au Patrimoine mondial : le champagne, symbole de l’art de vivre à la française, de la célébration, de la fête, du partage, patrimoine immatériel qui a été pleinement reconnu par l’UNESCO.
Qui a porté ce projet ?
C’est une exposition pensée, conçue et réalisée par le musée. J’ai associé un conseil scientifique composé du Comité Champagne et de la Mission Unesco et, pour m’accompagner sur la direction artistique du parcours scénographique, j’ai fait appel à deux graphistes, Paul Roset et Claire Brochot.
Comment l’exposition est-elle structurée ?
En trois parties. Une partie « Le Champagne, une cérémonie et un art de vivre » qui montre la place du Champagne dans la sociabilité à table et hors de table, comment les goûts et tendances de consommation ont fait évoluer le produit, les dosages, les contenants… Une autre partie « Champagne, le vin de la générosité et du partage » dans laquelle on parle du champagne comme vin de l’amour, vin coquin et polisson, mais aussi vin de la réconciliation qui joue un rôle dans la diplomatie gastronomique, et bien sûr vin de la fête et de la célébration. Et une partie sur « Le Champagne, une image de la modernité », c’est-à-dire comment le champagne a accompagné la société qui se modernise à partir du milieu du XIXe siècle, avec la naissance du « temps libre », les pratiques sportives, les établissements de divertissement, et enfin comment il a su utiliser la réclame publicitaire pour consolider son image.
Que trouve-t-on concrètement comme éléments ?
C’est très varié. Aussi bien des représentations artistiques – peintures, lithographies, photos, sculptures – que des maquettes, affiches et objets publicitaires, menus, contenants, dispositifs audio, vidéo et ludiques pour accompagner la découverte. De grands noms sont réunis, de René Lalique à Leonetto Cappiello, de Pierre Bonnard à Jean Cocteau. Nous avons sollicité à la fois des prêteurs publics et privés : les maisons de champagne, l’UMC, le SGV, le Comité Champagne, des musées, des bibliothèques…
Cette exposition est proposée l’année du 10e anniversaire de l’inscription. Ce n’est pas un hasard ?
Non bien sûr, c’est vraiment le point de départ de l’exposition. Nous voulions que le musée accompagne cet anniversaire ainsi que les 100 ans de l’avenue de Champagne. Il m’a semblé intéressant de concentrer le propos sur la thématique immatérielle qui a été peu abordée jusqu’à présent. Le lien avec les arts, le caractère agro- industriel, les savoir-faire, les paysages, le collectif, l’innovation sont, légitimement, très souvent traités pour parler du champagne. Or, nous souhaitions également montrer que l’image de cette boisson a su dépasser ces réalités pour incarner des valeurs - la générosité, la victoire, le succès, la réconciliation, la fête, le glamour - qui vont au-delà de l’appellation. Il est devenu un produit culture et de société, à l’instar du foot, du téléphone ou du cinéma. Comment a-t-il trouvé sa place dans nos sociétés ? Que véhicule-t-il comme valeurs ? Comment les gens, consommateurs ou non, y adhèrent-ils ? C’est un peu tout cela que propose l’exposition !
