Six ans après les 1ères à Reims, la ville de Troyes et la Côte des Bar ont accueilli le 11 mars les 2e Assises de l’Œnotourisme en Champagne. Sur la base d’une enquête, de nombreux témoignages et d’exemples concrets, elles ont mis en lumière la montée en puissance de l’oenotourisme sur notre territoire depuis 10 ans en même temps que les enjeux de la prochaine décennie.
« Qu’est-ce qui est amélioré en 2025 par rapport à 2015 ? » En réponse à la question, un sondage instantané réalisé en direct avec les participants en fin de journée a permis de dégager un nuage de mots parmi lesquels sont ressortis en gros caractères : Visibilité, Collectif, Conscience des paysages, Notoriété.
Pour répondre plus méthodiquement à la question, Amel Benchernine est venue présenter les résultats de l’enquête attendue sur l’impact de l’inscription au Patrimoine mondial, réalisée par l’Agence d’urbanisme, de développement et de prospective de la Région de Reims (AUDRR) dont elle est la directrice adjointe. Les principaux enseignements :
- Fierté : 86 % des habitants sont fiers de cette inscription et 82 % estiment que l’image du territoire s’est améliorée depuis 10 ans.
- Notoriété : 51 % des touristes du Grand Reims ont connaissance de l’inscription, contre 46 % en 2016.
- Fréquentation touristique : 70 % des élus ont observé une augmentation de la fréquentation touristique de la région depuis l’inscription, qui bénéficie en premier lieu aux secteurs touristique, hébergement-restauration et viticole. 50 % des professionnels du vin constatent une progression de la fréquentation de leurs installations depuis 10 ans. Pour 44 % d’entre eux, la clientèle étrangère est plus présente qu’avant. Ces constats s’accompagnent d’une évolution des demandes avec, en tête, la visite de vignobles, et les expériences oenotouristiques.
- Investissements : 29 % des collectivités et 35 % des professionnels ont réalisé des investissements spécifiques depuis l’inscription. Parmi eux, 1 professionnel sur 2 estime que le retour sur investissement est conforme à ses attentes. Les investissements des collectivités concernent principalement les projets en faveur de la biodiversité, la rénovation du patrimoine, l’amélioration des infrastructures touristiques et le développement des circuits thématiques. Les investissements réalisés par les professionnels sont orientés vers la rénovation des équipements et infrastructures, les nouvelles offres touristiques, la création de supports de communication.
- Emploi : Les emplois touristiques dans la zone d’engagement patrimoine mondial ont progressé de plus de 30 % entre 2016 et 2023.
- Protection du patrimoine : 84 % des habitants estiment que la protection du patrimoine s’est améliorée au cours des 10 dernières années. De fait, de nouvelles protections de monuments et de paysages ont été mises en place dans l’Aube, la Marne et l’Aisne.
- En résumé : L’inscription a déclenché une dynamique positive sur le territoire et joué manifestement un rôle d’accélérateur en matière d’attractivité touristique et d’embellissement du cadre de vie. Des points d’amélioration sont également identifiés, parmi lesquels : plus d’implication des habitants, un meilleur accès à l’information, plus de synergies entre les acteurs, la création d’un observatoire.
La création d’un observatoire est précisément un chantier mené par le GOT (Groupe Oenotouristique) qui regroupe notamment la Mission Unesco, les instances de tourisme et le Comité Champagne. Pour harmoniser les données et faciliter leur collecte, ses membres proposent la mise en place d’une stratégie autour de 4 indicateurs : la lecture fine de l’offre oenotouristique, la mesure des flux, la fréquentation en nombre et par typologie et les retombées économiques. Vu l’ampleur de la tâche, les paliers sont franchis petit à petit. Les premiers résultats concernant l’indicateur des flux sont attendus en 2026. « L’observatoire est un enjeu fondamental de transversalité entre les acteurs et de partage de données. Maîtriser ces données c’est maîtriser notre avenir, assurer un développement harmonieux et durable de l’activité oenotouristique. »
Le partage d’expérience et l’échange d’idées est toujours inspirant. C’est dans cet esprit que les organisateurs de la journée ont invité Helena Teles et Vanda Branco, de la Mission Douro - CCDR Norte, pour qu’elles rendent compte du travail opéré dans la la région viticole du Haut-Douro depuis son inscription au Patrimoine mondial en 2001 et des fruits recueillis.
Dans sa conclusion, Séverine Couvreur, présidente de la Mission, a relevé que : « ces Assises ont été l’occasion de mettre en avant deux maîtres-mots : innovation et collectif. C’est en étant innovant, en s’inspirant des uns et des autres que l’on construit des offres intéressantes dans le respect de notre environnement. Continuons aussi à nous appuyer sur l’intelligence collective qui fonctionne ici depuis longtemps. C’est un moteur qui permet de se projeter dans l’avenir avec confiance et envie. Cette journée a permis de capitaliser sur les bénéfices des 10 premières années de l’inscription de la Champagne au Patrimoine mondial mais aussi de construire les 10 prochaines. Nous savons tous ce que nous avons à faire pour continuer de faire rayonner ce beau territoire. »
Rendez-vous a été proposé dans 3 ans pour les prochaines Assises de l’œnotourisme en Champagne. Affaire à suivre. *Crédit photo : Olivier Druard.
