
Tout en préparant les festivités des 10 ans, la Mission reste concentrée sur sa vocation première : la protection du Bien. Ce rôle de gardien de l’avenir, elle l’exerce notamment en faisant preuve de vigilance et en apportant ses conseils préventifs dans le développement des énergies renouvelables.
La suite de l’inscription au Patrimoine mondial, pour une structure coordinatrice comme la Mission, est de veiller à la protection de la Valeur Universelle Exceptionnelle (VUE) des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne, c’est-à-dire à préserver leur intégrité et leur authenticité. « Si ce travail n’était pas fait, précise Francisco Andrade, directeur d’études, il n’y aurait peut-être pas de 10e anniversaire à fêter aujourd’hui et plus rien à transmettre aux futures générations. »
La Mission a pris un engagement vis-à-vis du territoire : lui fournir une expertise pour savoir, au sein d’un paysage remarquable caractérisé notamment par des vignes, comment concilier l’impératif de préservation avec la nécessaire transition écologique. Les grands principes ont été rassemblés dans des chartes thématiques : éolien, photovoltaïque, méthanisation (Disponible sur le site internet : onglet médiathèque rubrique « Ressource, documentations et études ») qui constituent une base d’information et de dialogue pour s’inscrire dans une démarche durable. « Il ne s’agit pas d’imposer une vision verticale mais de faire partager une vision fondée sur l’expérience et le recul. Il ne s’agit pas d’être dans une opposition dogmatique mais d’émettre des avis voire des recommandations pour que les projets soient menés dans le respect du lieu, de son histoire, du cadre de vie des habitants, des éléments du paysage, de la biodiversité… »
Les chiffres traduisent cet état d’esprit nuancé. Dans le photovoltaïque où l’on observe depuis trois ans une augmentation significative des projets, la Mission a rendu 57 avis en 2024 et déjà 23 sur les quatre premiers mois de l’année 2025. Les avis défavorables n’y représentent que 8 %. Environ ¼ de ses avis portent des recommandations en rapport avec la charte : « On explique comment le projet peut être amélioré techniquement pour s’inscrire dans un vrai projet de paysage. » Le secteur le plus sous pression : la côte des Bar. Dans le domaine de l’éolien, qui marque un léger ralentissement (44 projets étudiés en 2024 contre 49 en 2023), la Mission a émis un avis défavorable sur 38 % des dossiers. Les secteurs les plus ciblés : la côte des Blancs et côte du Sézannais. Concernant la méthanisation, la dynamique de projets est faible et touche principalement aussi la côte des Blancs et côte du Sézannais.
Pour délivrer conseils et avis, la Mission intervient à différents stades des projets, selon qu’elle est consultée par les porteurs de projets eux-mêmes, les services de l’Etat (DDT, DREAL, Pôles EnR), les acteurs du territoire (Mission Régionale de l’Autorité Environnementale, communes) ou qu’elle s’auto-saisit. « Nous sommes là pour éclairer, rappeler à quoi nous engage l’inscription au Patrimoine mondial, indique Francisco Andrade. Ce n’est pas simple. Il faut trouver un chemin ensemble. C’est parfois un étroit chemin de crête, mais il existe souvent. » Sachant que dans tous les cas la décision d’autoriser ou pas un projet appartient au préfet.