Jacques Douadi - Vice-président du conseil scientifique de la Mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne

Interview

Un « plan de gestion » n’est pas forcément une notion évidente pour tout le monde. Pouvez-vous rappeler ce qu’il représente ?

La candidature des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne au Patrimoine mondial devait absolument s’accompagner d’un document présentant la façon dont l’association entendait préserver la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien. Pas d’inscription au Patrimoine mondial sans plan de gestion. Concrètement, il s’agit d’un recueil de valeurs, d’axes et d’orientations sur lesquels l’association s’était engagée pour convaincre l’Unesco du bien-fondé de sa démarche. De ce plan de gestion, la Mission est comptable devant l’Etat car c’est lui qui rend des comptes à l’Unesco au niveau international.

 

Quel bilan tirer de ce premier plan de gestion ?

Il a eu la double originalité d’être parti d’une page blanche et d’avoir été entièrement écrit en interne, sous la conduite à l’époque du président Pierre Cheval et de la directrice Amandine Crépin, avec la ressource du Comité Champagne et des collectivités territoriales associées à la démarche. Non seulement les objectifs ont été atteints avec l’accomplissement de la quasi-totalité du programme d’actions mais on est allé bien au-delà en menant des actions qui n’étaient pas inscrites dans le plan de gestion.

 

Par exemple ?

Le Livre blanc de l’œnotourisme en Champagne, paru en 2019. Jusqu’alors chaque acteur - Comité Champagne, collectivités territoriales et locales - développait sa propre logique pour développer l’œnotourisme. Pour la première fois, c’est à la Mission qu’il a été demandé d’être l’organe fédérateur d’une réflexion commune débouchant sur un livre blanc commun. Sur le plan culturel et historique de notre territoire, c’était une grande nouveauté.

 

Prenez aussi la Marche des Réconciliations et le dîner de gala caritatif qui ont été mis en œuvre, comme le souhaitait le président Taittinger, avec la volonté que la dimension sociale et sociétale de l’inscription s’étende à la population, qu’elle puisse participer à la démarche de réconciliation. La guerre est une situation. La paix est une situation. La réconciliation, c’est-à-dire passer de la guerre à la paix, est une démarche. On est bien au cœur de la vocation de l’Unesco qui œuvre pour la paix par la science, l’éducation et la culture.

 

Un 3e exemple : dans la défense de la VUE du bien et la préservation des paysages, la Mission a mis en place des chartes de paysage. Plutôt que de réagir au coup par coup sur chaque dossier, elle a souhaité organiser sa réponse de façon globale. La charte éolienne, qui a été la première, est une cartographie avec des prescriptions de zones d’exclusion, de zones de vigilance et de zones à possibilité de développement. Elle prend en compte non seulement les 320 communes de l’inscription mais aussi les communes susceptibles d’entrer dans la zone d’appellation Champagne lorsque celle-ci sera élargie. Même si elle n’a pas l’opposabilité réglementaire d’un texte d’Etat, cette charte fait aujourd’hui référence même au-delà de notre territoire.

 

Mais j’aurais pu vous parler aussi du renouvellement des panneaux de signalétique sur les autoroutes pour lequel la Sanef a sollicité la Mission en lui demandant d’être la structure de fédération des énergies et d’arbitrage entre les différents niveaux de collectivités.

 

Pourquoi réécrire le plan de gestion ?

On arrive au bout de ses 8 ans de viabilité. Il est temps maintenant de passer à une nouvelle écriture qui soit l’héritière de la précédente et qui porte plus loin le travail sur lequel on entend être « jugés » par l’Unesco. La révision va se dérouler dans un contexte réglementaire et juridique très différent. La loi LCAP (relative à la liberté de création, à l’architecture et au patrimoine) est passée par là. Le préfet est désormais comptable du plan de gestion, ce qui lui donne plus de poids. Cela ne change pas fondamentalement nos pratiques car nous avons toujours eu à cœur de travailler en circuit court avec l’Etat et ses services, comme d’ailleurs avec les collectivités et le Comité Champagne.

 

Comment se positionnera-t-il par rapport au premier ?

Il n’y aura pas de rupture de philosophie. Il en sera l’héritier légitime et le prolongera dans les directions déjà suivies pendant son exécution. Autant l’actuel était tourné vers l’Unesco, autant le prochain sera aussi tourné vers les acteurs régionaux. Il faut qu’il exprime la volonté d’un territoire global pour être plus facile à approprier par ceux qui, aux côtés de la Mission, seront en charge de le mettre en œuvre demain.

 

Comment s’organise cette révision ?

Il fallait d’abord passer par l’évaluation de l’actuel plan de gestion. Nous avions commencé à la faire en interne mais très vite il est apparu que nous avions besoin d’un regard extérieur. Un cabinet spécialisé nous a aidés dans cette étape qui vient d’être bouclée. Avec l’accord de l’Etat qui nous accompagne financièrement pour cette élaboration, la même équipe va maintenant nous assister dans l’écriture du prochain plan de gestion.

 

Selon quelle méthodologie ?

Elle sera discutée au cours du séminaire élargi que nous organisons le 21 septembre 2023 afin de lancer officiellement la révision. Si la participation de la Mission sera majeure, elle ne veut pas travailler dans la confidentialité mais dans le partage le plus vaste possible. Plus celui-ci sera important, plus il apportera de la légitimité à la démarche. Le séminaire sera suivi d’un conseil d’administration de la Mission qui délibèrera sur la méthodologie proposée. Puis nous aurons une Commission Territoriale, animée par le Préfet, qui balaiera l’ensemble des problématiques pour commencer à mettre en écriture les têtes de chapitre.

 

Quand le nouveau plan de gestion sera-t-il effectif ?

On se donne fin 2024 comme terme auquel le plan sera prêt à être porté par le préfet et les services centraux de l’Etat devant l’Unesco, pour une approbation au 1er semestre 2025 qui correspondrait au 10e anniversaire de l’inscription.

 

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